Novembre 2006
Stéphanie ne va pas bien du tout.
Elle s'étouffe beaucoup en mangeant et je commence à m'inquiéter
de ces étouffements.
Je prends donc un nouveau rendez-vous avec le pneumologue pour
lui en parler.
Il décide d'envoyer Stéphanie voir un ORL de l'hôpital.
Si cette consultation ne révèle aucune anomalie au niveau de la
déglutition, il lui fera une bronchoscopie.
Rendez-vous avec l'ORL le 14 novembre.
Il n'y a rien de spécial sauf un reflux gastrique assez évident.
Elle recommande une bronchoscopie.
15 novembre
Retour chez le pneumologue avec les résultats de la consultation
avec l'ORL.
Il décide de lui faire une bronchoscopie
Tout ce passe bien. Il lui fait sous anesthésie locale.
Je suis avec elle pour l'a rassurer.
Le médecin en profite pour me montrer les "dégâts" occasionnés
par les pneumonies à répétition de Stéphanie depuis de
nombreuses années.
Il y a plusieurs fissures dans le poumon gauche.
Retour à la maison quelques heures après.
Stéphanie est très calme et respire très bien.
Aucun bruit, aucun râle.
Le pneumologue a nettoyé le poumon gauche en enlevant toute
trace de sécrétions
16 novembre
Au réveil de Stéphanie, tout va bien. Elle respire très bien et
aucun râle.
Je me dis, enfin elle va pouvoir reprendre des forces et
remonter la pente.
Je quitte la maison pour le travail, l'esprit tranquille.
À mon retour en fin de journée, je vais chez la gardienne
chercher Stéphanie et toute ma joie du matin venait de
s'effondrer en regardant ma puce.
Les sécrétions sont de retour parce que dans l'après-midi, elle
s'est étouffée avec son médicament pour l'épilepsie. Ce
médicament était sous forme de sirop et pas très agréable au
goût.
Même si on lui donnait par petit coup, on ne pouvait pas
contrôler la façon dont elle l'avalait alors il arrivait parfois
qu'elle en avale une plus grande quantité et elle s'étouffait.
17 novembre
Au réveil de Stéphanie, ça ne va pas bien. Sa respiration est
saccadée. Mais elle ne fait pas de fièvre alors je décide de
rester à la maison et d'appeler le médecin du CLSC pour avoir
son avis.
Elle me recommande d'aller à l'hôpital. Et on a bien fait.
Diagnostic
Affaissement complet du poumon gauche. Il ne restait qu'une
infime partie dans le haut du poumon qui était encore "potable".
De plus, l'infection présente dans son poumon a traversé la
membrane pour aller se loger dans son sang ce qui a eu pour
conséquence de créer une septicémie (infection du sang).
Elle a été hospitalisée pendant plus de deux
semaines afin d'enrayer cette infection car, pour le poumon, il
n'y avait plus rien à faire. Stéphanie devait apprendre à
respirer qu'avec un seul poumon.
Ce qui a eu pour conséquence de
l'affaiblir encore plus et de rechuter rapidement après
seulement 4 jours après sa sortie de l'hôpital.
Décembre
2006
Nous avons été obligé de commencer des traitements d'inhalothérapie
à la maison, 4 fois par jour. Mais plus les jours et les
semaines avançaient et plus elle s'affaiblissait. Elle avait de
la difficulté à manger. Un rien l'épuisait
Ma décision était prise de rencontrer un gastro-entérologue pour
une éventuelle gastrostomie.
J'avais décidé d'en parler au pneumologue à notre prochain
rendez-vous le 31 janvier 2007.
20 janvier 2007
Stéphanie est de retour à l'hôpital pour un début de pneumonie
dans la petite partie encore "potable" de son poumon gauche.
Elle est très faible, ne veut pas manger.
On décide de la garder pour lui donner ses antibiotiques par
intraveineuse.
21 janvier 2007
Stéphanie ne veut toujours pas manger mais comme elle est sous
soluté c'est pas trop grave.
Comme elle était très difficile à piquer pour faire des
intraveineuses, le médecin traitant veut lui faire faire une
intraveineuse dans la veine du cou (jugulaire).
Cette pratique est courante quand un patient à des veines
fuyantes.
Il me demande mon autorisation. Je l'a lui donne car Stéphanie
en a déjà eu dans le passé et tout c'est bien passé.
17h00
On vient chercher Stéphanie pour essayer de faire cette
intraveineuse.
18h00
Comme je suis sans nouvelles depuis une heure, je vais voir dans
la pièce à côté car c'est là qu'est Stéphanie. Le médecin qui a
pratiqué l'intervention me voit et vient me rencontrer.
Il me dit qu'il n'a pas été capable car la peau du cou est trop
dure.
Il me dit qu'ils vont réessayer le lendemain avec l'aide d'un
spécialiste.
Stéphanie est admis à l'hôpital et on nous transfère à sa
chambre.
22 janvier 2007
À mon arrivée à l'hôpital le matin, Stéphanie est réveillée et
regarde tout ce qui se passe dans la chambre. Je n'ai pas de
sourire mais je sais que les antibiotiques ont commencés à faire
effet.
Je rencontre la nutritionniste et lui demande à ce que Stéphanie
soit gavée car elle ne veut pas manger. Elle me dit qu'il n'y
aurait pas de problème car tout c'est bien passé au mois de
novembre.
Je rencontre plus tard le médecin traitant. Il me dit qu'il a
parlé avec la nutritionniste et que le tube gastrique sera
installé en début d'après-midi.
14h00
On vient d'installer le tube gastrique.
Le médecin traitant vient me voir pour me dire que Stéphanie est
attendu à la salle d'opération pour l'installation de
l'intraveineuse.
14h30
L'infirmière de la salle d'opération vient chercher Stéphanie.
Je lui demande si je dois être présente. Elle me dit que ce
n'est pas nécessaire.
Je décide donc d'aller à la maison manger un morceau.
15h30
Retour à l'hôpital mais Stéphanie n'est pas de retour dans sa
chambre.
Je me dis que ça doit être normale car même si on est venu la
chercher à 14h30
le temps de tout préparer, ils n'ont pas dû commencer tout de
suite.
16h15
Là, je commence à m'inquiéter. Je vais m'informer au poste des
infirmières.
On me dit qu'elle est en radiologie pour vérifier que tout est
bien en place.
17h00
Retour de Stéphanie à sa chambre.
L'infirmière de la salle d'opération me dit que tout s'est bien
passé et que l'intraveineuse est fonctionnelle.
17h30
Pour une raison que j'ignore encore aujourd'hui, l'état de
Stéphanie de détériore.
Elle a de la difficulté à respirer.
Les infirmières ont tout fait pour l'aider car il n'y avait
aucun code de réanimation dans le dossier de Stéphanie à notre
demande.
Nous n'avons jamais voulu que Stéphanie soit réanimée si, un
jour, elle était victime d'un arrêt cardiaque ou respiratoire
par crainte que son état soit pire que ce qu'il était déjà.
Pourquoi ?
Parce qu'on a jugé qu'elle était déjà prisonnière du Syndrome de
Rett alors pourquoi ajouter un ou des barreaux de plus à sa
prison. ?
Et cette décision, on l'a prise en mars 1996 quand elle a fait
son premier statut épileptique
et que les médecins nous ont demandé, pour la première fois, ce
qu'ils devaient faire si elle était victime d'un arrêt cardiaque
ou respiratoire.
22 janvier 2007, 17h55
Le médecin présent sur l'étage vient constater le décès de mon
rayon de soleil
qui vient de s'éteindre. Je suis défaite, en état de choc.
Une autopsie sera faite le lendemain.
Cause immédiate du décès
Bronchopneumonie
Voilà la fin de l'histoire de Stéphanie qui, malgré son
handicap, a été heureuse d'avoir fait un court séjour sur la
terre et d'avoir fait partie de notre famille.
Vous pouvez en juger par ses photos dans son album.
Son sourire et son regard veulent tout dire.
Je sais, qu'aujourd'hui, elle est encore plus heureuse car elle
est libre de faire ce qu'elle veut et surtout faire tout ce
qu'elle n'a pas pu faire pendant sa courte existence.
Je me permets avant de mettre le point final à l'histoire de
Stéphanie de donner un conseil aux parents d'enfants handicapés.
Ne faites pas de votre enfant votre unique raison de vivre.
Pensez à vous également.
Prenez du temps pour vous.
Faire de votre enfant "spécial" votre principale raison de vivre
ne servira qu'à vous faire encore plus de peine quand il
partira et de vivre un grand manque affectif.
J'en sais quelque chose.
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